Harcèlement au travail : rôle de l’avocat, obligations de l’employeur et défense des victime

Le harcèlement au travail – qu’il soit moral, sexuel ou institutionnel – constitue une atteinte grave aux droits et à la santé des salariés. Face à de tels agissements, l’accompagnement par un avocat est souvent déterminant. Son rôle ? Protéger les droits de la victime, assurer la reconnaissance des faits, orienter les démarches à engager et, si nécessaire, saisir les juridictions compétentes.

Conformément au Code du travail, l’employeur est tenu par une obligation légale de sécurité. Il doit prévenir, détecter et sanctionner tout comportement harcelant. En parallèle, les représentants du personnel, notamment le CSE, peuvent également intervenir pour enquêter et alerter.

Dans cet article, nous passons en revue les différentes formes de harcèlement au travail, les obligations de l’employeur en matière de prévention, et le rôle crucial de l’avocat aux côtés des salariés victimes, du CSE ou encore des syndicats.

Sommaire

  1. Les formes de harcèlement au travail
  2. L’obligation de prévention de l’employeur
  3. Le rôle de l’avocat dans la défense des victimes
  4. L’accompagnement du CSE et des syndicats

1. Les différentes formes de harcèlement au travai

Le harcèlement au travail peut se manifester sous plusieurs formes, toutes préjudiciables pour la victime et sanctionnées par le droit du travail et le droit pénal.

Harcèlement sexuel

L’article L1153-1 du Code du travail définit le harcèlement sexuel comme des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, répétés ou graves, portant atteinte à la dignité ou créant un environnement hostile. Ces faits sont aussi punis par le Code pénal, en particulier lorsqu’ils émanent d’une personne exerçant une autorité.

Harcèlement moral

Défini à l’article L1152-1 du Code du travail, le harcèlement moral regroupe les agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de travail, nuisant à la santé physique ou mentale ou compromettant l’avenir professionnel. Ce délit est aussi réprimé pénalement (article 222-33-2 du Code pénal).

Harcèlement institutionnel

Bien que non expressément nommé par les textes, le harcèlement institutionnel (ou managérial) découle d’une organisation dégradante du travail imposée par l’entreprise. Une jurisprudence récente (Cass. crim. n°22-87.145) a reconnu la responsabilité pénale de dirigeants dans ce contexte.

Harcèlement horizontal

Il s’agit d’un harcèlement entre collègues, sans lien hiérarchique. Même en l’absence d’autorité, ces comportements restent sanctionnables si l’employeur n’a pas pris les mesures adéquates.

2. L’obligation de prévention du harcèlement par l’employeu

L’article L4121-1 du Code du travail impose à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité physique et mentale des salariés.

Élaboration d’une politique de prévention

Cela passe par des actions de formation, des procédures de signalement claires, et une sensibilisation aux risques psychosociaux. L’avocat peut accompagner l’entreprise dans la mise en conformité de ses pratiques.

Enquête interne en cas de signalement

L’employeur doit enquêter avec rigueur dès qu’un fait de harcèlement est porté à sa connaissance. Un avocat peut piloter cette enquête ou en garantir l’impartialité.

Prise de sanctions

Si les faits sont avérés, des sanctions disciplinaires doivent être appliquées. L’avocat conseille l’employeur sur la proportionnalité des mesures à prendre pour éviter toute contestation.

3. Le rôle de l’avocat dans la défense des salariés victimes

Conseil juridique personnalisé

L’avocat évalue la situation, informe le salarié sur ses droits et l’accompagne dans la constitution de preuves (témoignages, certificats médicaux, écrits, enregistrements…).

Démarches amiables et contentieuses

Il peut adresser une mise en demeure à l’employeur, initier une procédure auprès du conseil de prud’hommes, ou encore déposer plainte au pénal si nécessaire.

Négociation et rupture conventionnelle

En cas de harcèlement avéré, l’avocat peut négocier une résolution amiable (rupture du contrat, indemnisation, reclassement…). En l’absence d’accord, il saisit la juridiction compétente.

4. L’accompagnement du CSE et des syndicats

Le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle préventif et d’alerte. Il peut enquêter, proposer des actions correctives, et se faire assister par un avocat pour garantir la sécurité juridique des démarches.

Les syndicats, quant à eux, peuvent intervenir en justice en soutien aux salariés ou pour défendre l’intérêt collectif de la profession. L’expertise juridique d’un avocat permet d’assurer l’efficacité de leur action.

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